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comprises entre 1mm et quelques centimètres. Les lames étaient placées verticalement pour éliminer l’effet de la pesanteur qui sera étudié au paragraphe suivant. L’émanation était introduite dans la cloche avec de l’air sous la pression atmosphérique et y séjournait pendant un ou deux jours. Le gaz était soigneusement desséché, et la cloche était maintenue à une température très constante, afin d’éviter la production de remous dans le gaz. On enlevait ensuite les lames et l’on observait leur activité en fonction du temps, d’où l’on pouvait déduire la valeur de l’activité pour toutes les lames à un même instant. On construisait alors la courbe représentant l’activité des lames en fonction de l’écartement. Les expériences ont été faites avec des concentrations de l’émanation variant dans de larges limites.

Les résultats des expériences au point de vue qualitatif ne sont pas entièrement conformes à la théorie précédente, et s’en écartent tout à fait en ce qui concerne l’application numérique. On constate que la forme des courbes obtenues dépend de la concentration de l’émanation. Dans tous les cas l’activité tend vers une limite quand l’écartement augmente, mais cette limite était toujours pratiquement atteinte pour une distance de quelques centimètres seulement. Quelques-unes des courbes obtenues avec différentes concentrations de l’émanation sont représentées dans la figure 86. La quantité d’émanation utilisée est mesurée par la quantité de radium avec laquelle elle se trouve en équilibre ; cette quantité d’émanation était répartie dans un volume de 13 litres environ. La distance limite est indiquée pour chaque expérience. On voit que l’activité limite est atteinte pour une distance plus petite lorsque l’émanation est très concentrée que lorsqu’elle est peu concentrée. De plus, pour les fortes concentrations, la forme générale de la courbe est la même que celle de la courbe théorique, mais pour les faibles concentrations la partie rectiligne se prolonge plus longtemps, et la limite est atteinte plus brusquement. L’examen des courbes de décroissance du rayonnement des diverses lames permet de se rendre compte si le dépôt est dû uniquement au radium A. Si, en effet, les lames sont très rapprochées (1mm d’écartement), il est évident que le radium A formé dans le gaz qui les sépare atteint très rapidement la paroi et ne séjourne pas dans le gaz ; celui-ci ne peut donc contenir les substances B et C, formées à