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diatement après la fin de l’activation en regard d’une lame inactive. Un courant d’air rapide passait entre les lames. Dans ces conditions aucun transport de l’activité induite n’a été observé ; seules auraient pu atteindre la lame opposée les particules émises par la lame active et non absorbées par le gaz après un millimètre de parcours.

Le phénomène de projection dans les gaz sous une pression inférieure à 0mm,01 de mercure a été mis en évidence par MM. Russ et Makower[1] qui opéraient avec l’émanation condensée à la température de l’air liquide et avec des lames activées. L’émanation était condensée au fond d’un tube de verre vertical ; quand la condensation était aussi complète que possible, on faisait sur l’émanation un vide très parfait ; puis, ayant laissé rentrer l’air, on plaçait dans le tube et à distance variable de l’émanation un disque D destiné à recevoir la matière projetée ; enfin on faisait à nouveau un très bon vide dans le tube. Après quelque temps on examinait l’activité acquise par les deux faces du disque ; on constatait que l’activité de la face tournée vers l’émanation était plus grande que celle de la face opposée, le rapport des activités pouvant atteindre 50 ; l’excès d’activité était attribué au dépôt actif reçu par radiation. Il y a avantage à employer dans ces expériences des quantités d’émanation aussi faibles que possible, parce que si l’on opère avec beaucoup d’émanation, celle-ci ne reste pas entièrement condensée et se répand dans le tube en proportion d’autant plus forte que la quantité est plus grande. L’activité communiquée au disque diminuait approximativement en raison inverse du carré de la distance à la région du tube occupée par l’émanation condensée, et diminuait progressivement quand on augmentait la pression du gaz dans le tube. La loi de cette diminution a permis de calculer un coefficient d’absorption approché de la radiation par le gaz ; ce coefficient serait de l’ordre de 0,5 dans l’air sous la pression de 1mm de mercure, ce qui correspondrait à la pression atmosphérique à l’absorption sensiblement complète de la radiation sur une longueur de l’ordre de 0mm,1.

La composition du dépôt actif reçu par le disque peut se déduire de la loi de variation de l’activité en fonction du temps après la

  1. Russ et Makower, Proc. Roy. Soc., 1909.