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une matière solide présente en quantité infinitésimale sur la surface activée.

On peut effectuer diverses expériences qui confirment cette manière de voir. Si, par exemple, on enlève par frottement une couche superficielle très mince sur une lame de métal activée, on enlève en même temps, totalement ou au moins en grande partie, l’activité. Celle-ci se trouve alors concentrée dans la portion de matière enlevée, et il est possible d’obtenir de cette manière une forte activité induite, portée par une petite quantité de matière inactive par elle-même.

Les dépôts actifs peuvent encore être concentrés par un autre procédé. Quand on lave à l’eau une surface métallique activée, l’activité induite n’est généralement pas fortement altérée ; mais si, au contraire, on fait un lavage aux acides étendus ou concentrés, les dépôts actifs sont dissous. Si une telle dissolution est évaporée à sec, le résidu de l’évaporation est très actif : il contient à l’état concentré toute l’activité qui avait passé dans la dissolution. M. Rutherford a trouvé que le dépôt actif du thorium est soluble dans les acides sulfurique, chlorhydrique ou fluorhydrique étendus ou concentrés, mais bien moins dans l’acide azotique, et que la décroissance du dépôt actif en solution se fait suivant la même loi qu’à l’état solide[1]. Si, en effet, on évapore, à des intervalles de temps égaux, des volumes égaux de la dissolution, l’activité du résidu est la même que si le dépôt actif était resté sur le corps activé.

Une étude détaillée des propriétés des dépôts actifs a été faite par M. Lerch [2] qui a montré que les dépôts actifs du radium et de l’actinium sont solubles dans les acides. Les dépôts actifs ne sont pas solubles dans l’alcool et l’éther. Quand le dépôt actif obtenu sur du métal a été dissous, la dissolution contient une certaine quantité du métal qui avait été activé ; si l’on reprécipite ce métal par l’emploi d’un réactif chimique convenable, l’activité est généralement entraînée dans la précipitation. On peut aussi entraîner le dépôt actif avec des précipités de matières diverses ; si, par exemple, on ajoute à la dissolution une solution de chlorure de

  1. Rutherford, Phys. Zeit., 1902.
  2. Lerch. Ann. de Phys., 1903.