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P. Curie et moi nous avons observé, en effet, que tout corps qui séjourne pendant longtemps (un mois, par exemple) au contact de l’émanation du radium très concentrée acquiert une radioactivité induite qui laisse un résidu important, après que le corps a subi la désactivation pendant une journée[1]. Dans ces expériences, la loi de décroissance à partir du début de la désactivation était la même que d’ordinaire, mais l’activité étant tombée à une fraction de sa valeur primitive qui était, par exemple, égale à ne diminuait plus, mais évoluait avec une lenteur extrême, et quelquefois même allait en augmentant. Des lames de cuivre, d’aluminium, de verre ont ainsi conservé une activité résiduelle pendant six mois. Dans un travail important sur cette radioactivité induite à évolution lente. M. Rutherford a montré qu’elle augmente pendant des années (voir § 185).

En employant de l’émanation très concentrée, il est facile d’obtenir une activité résiduelle importante, à condition de laisser l’émanation en contact prolongé avec le corps à activer. On peut, par exemple, obtenir une activité 20 fois à 100 fois plus grande que celle de l’uranium, à surface égale.


78. Activité induite due au thorium. — Quand un composé de thorium est placé dans un vase clos, contenant de l’air à la pression atmosphérique, la distribution de l’émanation dans ce vase ne peut devenir uniforme comme dans le cas d’un sel radifère. L’activité induite, à temps d’exposition égal, est toujours d’autant plus forte que l’on se trouve plus près du composé actif. Une activation intense peut être obtenue par l’emploi d’une électrode chargée négativement qui pénètre dans le vase et sur laquelle le dépôt actif vient se concentrer de préférence. On peut obtenir ainsi un fil activé, dont l’activité est à surface égale 10 000 fois plus grande que celle de l’oxyde de thorium.

La production de l’activité induite est liée à la présence de l’émanation. On obtient l’activité induite sur une lame placée au-dessus d’une couche d’oxyde de thorium recouverte par un papier assez épais pour arrêter les rayons c’est-à-dire la partie principale du rayonnement ionisant, mais assez perméable pour

  1. M. Curie, Thèse de doctorat, Paris 1903.