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représentés numériquement par des combinaisons linéaires de trois fonctions exponentielles distinctes (voir Chapitre XIII). La théorie des transformations radioactives rend compte de ce fait en admettant que le dépôt actif du radium est composé de trois substances radioactives distinctes, dont chacune se détruit suivant une loi exponentielle caractéristique. La première de ces substances est nommée radium A ; elle est produite directement par l’émanation et se détruit très rapidement en produisant la deuxième substance, le radium B ; celle-ci se détruit à son tour en donnant lieu à la formation de radium C. Les vitesses de destruction du radium B et du radium C sont peu différentes. Chacune des substances a son rayonnement propre ; l’intensité relative de ces rayonnements varie avec la proportion des substances et la nature des écrans utilisés, et leur superposition suffit pour rendre compte de tous les phénomènes décrits.

En particulier, la baisse initiale rapide du rayonnement total est due à la destruction du radium A ; cette baisse est supprimée par l’emploi d’un écran d’épaisseur supérieure à 0mm,1, parce que le radium A n’émet pas de rayons pénétrants.

Il est d’ailleurs utile de remarquer que la forme des courbes obtenues dépend dans une certaine mesure du dispositif expérimental employé, parce que de ce dispositif dépend la manière dont les diverses parties du rayonnement sont utilisées pour ioniser le gaz.

Les considérations précédentes s’appliquent aux substances qui n’absorbent pas sensiblement d’émanation (cuivre, verre, etc.). La figure 79 représente les courbes obtenues par P. Curie et M. Danne avec différents temps d’exposition, pour la désactivation de substances telles que le celluloïd ou le caoutchouc qui s’imprègnent d’émanation et ne la dégagent que progressivement ; la vitesse de désactivation est en ce cas diminuée ; on voit que ce phénomène est déjà très sensible avec le plomb. La courbe de désactivation normale après activation saturée est représentée en gros trait sur la figure.

On peut constater que toutes les substances dont la courbe de désactivation s’écarte de la courbe normale, ainsi que l’indique la figure, sont susceptibles de dégager de l’émanation et activent les corps dans leur voisinage. Le même effet peut être observé à