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ont remarqué que, d’après les différences entre les poids atomiques, les homologues supérieurs du xénon dans la famille des gaz inertes auraient les poids atomiques 175, 219, 263. Si l’on porte en ordonnées les poids atomiques, et en abscisses d’une part les températures absolues d’ébullition, d’autre part les températures critiques absolues pour l’argon, le crypton et le xénon, par les points obtenus on peut faire passer des circonférences, et si les points relatifs à l’émanation étaient aussi sur ces cercles, le poids atomique de celle-ci serait 176. La considération des pressions critiques conduit au même résultat. Toutefois une extrapolation de ce genre est nécessairement sujette à caution.


73. Spectre de l’émanation du radium. — Des essais en vue de l’observation du spectre de l’émanation ont été faits par MM. Ramsay et Soddy au courant de leurs recherches relatives à l’isolement de l’émanation. Pendant ces essais des raies brillantes ont été observées à plusieurs reprises, mais, généralement, ces raies n’étaient pas persistantes. Dans des expériences faites ultérieurement, MM. Ramsay et Collie ont obtenu un spectre brillant qu’ils ont attribué à l’émanation[1]. Ce spectre était peu persistant, cependant il a été possible d’entreprendre une mesure des longueurs d’onde des raies principales. Après la disparition du spectre nouveau, le spectre de l’hydrogène apparaissait ; après plusieurs jours on pouvait constater l’apparition du spectre de l’hélium.

MM. Rutherford et Royds ont photographié le spectre de l’émanation pure obtenue suivant la méthode qui a été décrite plus haut[2]. L’émanation destinée à l’observation du spectre a été condensée par le froid dans un tube de 50mm3 de volume, muni d’électrodes de platine. L’émanation correspondait à 0g,13 de radium, et sa pression évaluée d’après le volume occupé était de 1mm,1 de mercure. Le spectre était très brillant, surtout dans le vert et dans le violet ; il disparaissait quand on immergeait dans l’air liquide un tube adapté latéralement au tube principal ; par conséquent ce spectre appartenait à un gaz condensable ; on le

  1. Ramsay et Collie, Proc. Roy. Soc., 1904.
  2. Rutherford et Royds, Phil. Mag., 1908 ; Royds, Phil. Mag., 1909.