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tend à le faire diminuer, et, suivant la théorie actuelle, le volume final pourrait être plus grand que le volume initial. Dans cette théorie l’hélium est un des produits de la destruction de l’émanation ; il résulte de la projection, par l’émanation et par la radioactivité induite qui l’accompagne, de particules matérielles qui constituent les rayons et qui sont des atomes d’hélium portant une charge électrique. Ces particules étant expulsées avec une grande vitesse, peuvent pénétrer dans les parois du vase qui contient l’émanation et être absorbées par celles-ci. La manière dont varie le volume du gaz dépend de la proportion d’hélium absorbé, laquelle dépend elle-même de conditions très variées, telles que la forme du tube, la nature des parois, etc. M. Ramsay a d’ailleurs montré que l’hélium n’est pas notablement absorbé par le verre dans les conditions ordinaires ; l’absorption résulte donc de ce fait que la vitesse des particules est considérable.

Les résultats obtenus plus tard par MM. Ramsay et Cameron[1] pour la mesure du volume de l’émanation ont été différents. La quantité de radium utilisée était 0g,0877. Le gaz extrait de la solution qui contenait une petite quantité de sel insoluble était soumis à une explosion et séché sur de l’anhydride phosphorique. Ensuite l’émanation était condensée à la température de l’air liquide, et le vide était fait dans l’appareil pour enlever l’hydrogène qui était resté avec l’émanation. Pendant que l’on fait le vide, on entraîne toujours un peu d’émanation, ce dont on peut s’assurer en observant la luminosité des tubes. Il y a donc là une cause d’incertitude relative au volume de l’émanation qui correspond à une quantité donnée de radium ; si l’on ne fait pas un vide assez complet, on laisse de l’hydrogène ; si l’on fait le vide trop longtemps, on entraîne une quantité appréciable d’émanation.

Les expériences ont confirmé que l’émanation obéit à la loi de Boyle quand les mesures sont faites rapidement et que la pression varie entre 20mm et 200mm de mercure, pendant que le volume varie entre 1mm³ et 10mm³ environ. Le volume initial de l’émanation était difficile à déterminer. On observait, en général, pendant la première heure après la séparation, une contraction assez rapide en vertu de laquelle le volume diminuait de moitié ; ensuite le

  1. Soc. Chim. Londres, 1907.