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gramme de thorium, le nombre de grammes de thorium utilisés, la constante de destruction de l’émanation. On trouve


la quantité limite est donc 87 fois plus grande que celle qui se forme par seconde.

Peu d’expériences ont encore été faites sur le dégagement de l’émanation de l’actinium. On sait toutefois que ce dégagement est extrêmement facile à la température ordinaire pour les composés solides, dont l’activité est, pour cette raison, fortement influencée par les courants d’air. L’hydrate dégage l’émanation le plus facilement, l’oxalate en dégage bien moins.

Les expériences de condensation qui ont été décrites plus haut (§ 65) montrent qu’à basse température le dégagement d’émanation par un composé d’actinium solide est empêché. Ce dégagement ne commence à pouvoir être constaté qu’à partir de - 140° et augmente ensuite rapidement avec la température au delà de + 120°. La courbe représentative du phénomène (fig. 61) rappelle la courbe (fig. 68) qui représente le dégagement d’émanation à l’extérieur par un sel de radium en fonction de la température, sauf que la courbe relative à l’actinium ne présente pas la perturbation observée avec les sels de radium. Tout se passe comme si, au point de vue de sa perméabilité à l’émanation, l’actinium se trouvait à - 140° dans des conditions comparables à celles dans lesquelles le chlorure de radium se trouve à 350°.


Nous avons vu que le dégagement d’émanation par un composé solide à la température ordinaire se fait difficilement pour un sel de baryum radifère et relativement facilement pour les composés de thorium et les substances actinifères. Or il y a une différence de nature entre les matières qui interviennent dans les deux cas. Le radium est généralement dilué dans les sels de baryum ; l’actinium se trouve à l’état de trace avec des terres rares ; le thorium X, source de l’émanation du thorium, est dilué dans les composés de thorium. On peut donc penser que la facilité plus ou moins grande avec laquelle se dégagent les émanations pourrait dépendre de la nature des matières au sein desquelles elles se forment plutôt que de la nature même des émanations. Cette manière de voir a été