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se dégager qu’à une température plus élevée. Le nombre des molécules qui sont susceptibles d’être mises en liberté à une température donnée constitue une fraction déterminée du nombre des molécules formées par unité de temps ; cette fraction croît avec la température et devient égale à 1 à la température de la fusion. Une élévation brusque de la température a pour effet de déterminer la mise en liberté de toutes les particules qui étaient retenues dans le sel avec un degré de cohésion inférieur à celui qui correspond à la température qu’on vient d’établir.

Dans cette théorie la loi d’accumulation à une température constante doit être de la forme est la constante de destruction de l’émanation, et la quantité d’émanation qui reste absorbée à l’état de régime, et qui est d’autant plus petite que la température est plus élevée.

L’expérience prouve que l’émanation une fois dégagée n’est plus sensiblement absorbée par le sel, même quand on abaisse la température de celui-ci.

Si l’on étudie divers échantillons d’un même sel radifère en quantités égales, et dégageant, par conséquent, pour un même temps d’accumulation, la même quantité d’émanation lors de la fusion, on constate que la proportion de l’émanation dégagée à une même température, dans les mêmes conditions, peut varier d’un échantillon à l’autre et semble par suite dépendre de l’état physique du sel et peut-être de la présence d’impuretés. On peut aussi penser qu’une rémanence des effets de chauffe peut exister dans une certaine mesure. Un même échantillon de sel donne des résultats bien réguliers quand on a soin de faire fondre le sel avant chaque expérience.


Le dégagement de l’émanation du thorium par les composés solides est relativement facile à température ordinaire ; c’est pour cette raison que l’activité du sel est fortement influencée par les courants d’air.

Les caractères généraux de la production et du dégagement de l’émanation du thorium sont les mêmes que ceux qui ont été mis en évidence pour l’émanation du radium. En particulier les effets de dissolution et de chauffe se manifestent d’une manière analogue.