Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/324

Cette page a été validée par deux contributeurs.

matique de ce débit pourra nous renseigner à ce sujet, et l’on voit qu’une telle étude est réalisable avec une assez grande précision par la méthode indiquée.


Le dégagement d’émanation par les sels solides de radium est relativement faible à la température ordinaire, et c’est pour cette raison que l’activité de ces sels n’est pas notablement affectée par les courants d’air. P. Curie et M. Debierne ont constaté que pour un sel solide, bien desséché, le pouvoir activant, c’est-à-dire le pouvoir de produire la radioactivité induite dans une enceinte fermée, constitue une petite fraction seulement, par exemple 2,5 pour 100, du pouvoir activant de la dissolution du même sel[1] ; le pouvoir activant peut d’ailleurs être considéré comme une mesure de la quantité d’émanation qui est mise en liberté dans l’enceinte close dans chaque unité de temps. On ne peut guère assigner une valeur parfaitement déterminée au débit d’émanation que fournit à l’extérieur un sel solide ; ce débit dépend en effet, de diverses conditions telles que la grandeur de la surface libre pour une masse déterminée et l’état de tassement. Pour les sels solubles, la faculté de dégager l’émanation à l’extérieur est fortement influencée par l’état d’humidité de l’air environnant, le sel étant d’autant moins perméable à l’émanation qu’il est plus sec ; pour les sels insolubles cet effet n’est pas sensible. On verra aussi que les sels deviennent moins perméables à l’émanation quand ils ont été soumis à une chauffe forte et prolongée.

En faisant le vide sur du sel radifère on retire toute l’émanation disponible. Toutefois la radioactivité d’un chlorure radifère sur lequel on avait fait le vide pendant 6 jours n’a pas éprouvé de baisse appréciable par cette opération, et restait toujours bien plus élevée que l’activité minimum du même sel obtenue après dissolution et dessiccation. La radioactivité du sel est donc due en grande partie à l’émanation occluse dans l’intérieur des grains, laquelle ne peut être enlevée en faisant le vide.

Si l’émanation du radium éprouve une résistance pour passer des grains dans l’air environnant, il en est de même pour son

  1. Curie et Debierne, Comptes rendus, 1901.