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étant étanche, on fait une légère aspiration de l’air du flacon, puis on ferme les robinets et l’on abandonne le flacon pendant un mois. Quand ce temps est écoulé, on ouvre la tubulure B sous l’eau, et on laisse pénétrer quelques centimètres cubes d’eau dans le flacon de manière à dissoudre rapidement le sel radifère ; la quantité de liquide doit être telle que le tube B plonge dans la solution. L’émanation contenue dans la solution et dans le flacon est alors entraînée par un courant d’air qui barbote dans la solution, et transportée dans un condensateur de mesures ; cette opération se fait très parfaitement quand le volume de la solution est petit. On referme ensuite les robinets et l’on abandonne la solution radifère pendant un mois ; après ce temps on mesure à nouveau l’émanation accumulée en la transportant de la même manière dans le même condensateur. Les résultats obtenus dans les deux mesures sont très voisins.

La quantité limite d’émanation qui peut s’accumuler dans un vase clos contenant une certaine quantité de radium est indépendante de la forme et des dimensions du vase, ainsi que l’on peut s’en assurer par des expériences analogues à celle qui vient d’être décrite. La production de l’émanation n’est donc pas un phénomène analogue à l’émission d’une vapeur dont la pression peut devenir saturante.

P. Curie et M. Debierne ont effectué un grand nombre d’expériences sur la production de la radioactivité induite dans une enceinte close contenant un sel radifère[1]. Ils ont trouvé que, pour un dispositif expérimental déterminé, l’activité induite qui se développe sur les parois du vase ou sur des lames placées dans le vase tend lentement vers une valeur limite. Si l’on opère au moyen d’une solution radifère sous diverses pressions, depuis la pression atmosphérique jusqu’à celle de la tension de vapeur saturée de la solution, on trouve que l’activation limite est la même, et qu’elle s’établit avec la même vitesse quelle que soit la pression. Quand la substance activante est un sel solide, on peut opérer soit à la pression atmosphérique, soit avec un vide très parfait ; dans les deux cas l’activation limite est à peu près la même. On obtient encore le même résultat en remplaçant l’air

  1. Curie et Debierne, Comptes rendus, 1901.