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du sel atteint - 140°, que la quantité d’émanation entraînée augmente ensuite rapidement mais progressivement avec la température jusqu’à la température de 120°, et doit encore croître au delà de celle-ci (fig. 61),

Quand on laisse séjourner l’émanation de l’actinium pendant un temps déterminé dans un serpentin qui plonge dans un bain réfrigérant, la proportion de l’émanation non condensée croît régulièrement avec la température. Le phénomène de condensation est étalé svir un grand intervalle de température, et cela d’autant plus que la pression est plus forte[1]. Le même phénomène est observé pour l’émanation du thorium. La condensation sensiblement complète est obtenue pour les émanations de l’actinium et du thorium à des températures très voisines.


66. Propriétés chimiques des émanations. — Diverses expériences ont été effectuées par MM. Rutherford et Soddy[2] pour voir si les émanations présentent au point de vue chimique quelque analogie avec les gaz connus. L’expérience a montré que les émanations peuvent passer au travers de solutions acides sans être fortement absorbées. L’émanation du thorium peut passer sans altération dans un tube de platine chauffé aussi fort que possible, et cela même quand ce tube est rempli de noir de platine. Dans d’autres expériences l’émanation du thorium était entraînée dans un tube de verre contenant du chromate de plomb chauffé au rouge, ou bien elle passait avec un courant d’hydrogène dans de la poudre de magnésium chauffée au rouge ou dans du noir de palladium au rouge également ; enfin on l’envoyait avec un courant de gaz carbonique dans de la poudre de zinc au rouge. Dans aucun cas on n’a observé d’autre modification de l’émanation du thorium que sa décroissance ordinaire.

On peut faire l’expérience suivante : l’émanation émise par l’oxyde de thorium est entraînée par un courant de gaz carbonique ; on mélange de l’air au courant de gaz carbonique actif et l’on fait passer le mélange dans un tube qui contient de la soude ; l’émanation n’est pas absorbée par la soude, mais reste avec l’air et, si

  1. Kinoshita, Phil. Mag., 1908.
  2. Rutherford et Soddy, Phil. Mag., 1902.