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On constate d’ailleurs qu’il est extrêmement difficile de condenser de très grandes quantités d’émanation du radium mélangée à l’air. Si, par exemple, on fait circuler, dans un serpentin plongé dans l’air liquide, un courant d’air contenant de l’émanation à l’état relativement très concentré, on remarque que l’émanation se condense à l’entrée du serpentin, et qu’une forte proportion échappe à la condensation. Il semble donc qu’en ce cas il se produit comme pour le charbon une saturation de la paroi. Peut-être aussi le phénomène est-il dû à ce fait que le gaz qui entraîne l’émanation non condensée a été privé de centres de condensation pouvant faciliter le phénomène.

Le rôle de la paroi dans les phénomènes de condensation est encore peu connu. Des expériences récentes de M. Laborde[1] semblent prouver que la température de condensation de l’émanation du radium, déterminée par la méthode de M. Rutherford, n’est pas la même pour les serpentins métalliques et les serpentins de verre, la température de condensation dans ces derniers étant comprise entre -177° et -179°, tandis qu’avec les serpentins métalliques (cuivre, fer, étain, argent) on obtenait des températures de condensation comprises entre -153° et -155°.

On verra plus loin que l’émanation du radium a pu effectivement être liquéfiée lorsqu’elle se trouvait dans des conditions de concentration comparables à celles pour lesquelles on observe la liquéfaction des gaz ordinaires. Il est probable que le phénomène de condensation des émanations diluées à basse température et le phénomène de liquéfaction sont distincts.


M. Goldstein a observé la condensation de l’émanation de l’actinium dans les conditions suivantes : un réservoir dont la paroi est recouverte de sulfure de zinc phosphorescent et qui plonge dans l’air liquide, communique par un tube coudé avec un réservoir où se trouve l’actinium ; le vide est fait dans l’appareil. On constate dans ces conditions que l’émanation de l’actinium rend lumineux le sulfure de zinc, et que la luminosité est limitée par un anneau situé au-dessus du niveau de l’air liquide.

La condensation de l’émanation de l’actinium aux basses tem-

  1. Laborde, Comptes rendus, 1909.