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que la deuxième, et que, par suite, les particules étant relativement plus écartées, leur agglomération se produit plus difficilement. Cette agglomération est d’ailleurs facilitée par toutes les conditions qui favorisent la diffusion, et c’est ainsi que s’explique l’influence de la nature et de la pression du gaz sur le phénomène.

Il est certain que les conditions dans lesquelles s’effectue la diffusion jouent un rôle important en ce qui concerne la rapidité de la condensation à une température déterminée, et que, par suite, le phénomène que l’on observe dépend de causes multiples. Toutefois on peut remarquer que, même indépendamment de ces causes, on ne voit aucune raison pour qu’il existe une température vraie de condensation.

Si les émanations condensées pouvaient être assimilées à des gaz liquéfiés, possédant à une température déterminée une pression de vapeur saturante, la température de condensation dépendrait nécessairement de la quantité d’émanation contenue dans un volume d’air déterminé, et un courant de gaz passant sur l’émanation condensée entraînerait à toute température une quantité d’émanation sensiblement proportionnelle à la pression de vapeur saturante qui correspond à cette température. La courbe qui donne la proportion d’émanation condensée en fonction de la température de la spirale dans les expériences de MM. Rutherford et Soddy devrait en ce cas présenter quelque analogie avec la courbe qui représente la variation de la pression de vapeur saturante d’un fluide en fonction de la température. On observerait donc un accroissement progressif plus ou moins rapide, mais il n’y aurait pas lieu de s’attendre à observer un effet brusque.

On a vu qu’avec l’émanation du thorium le phénomène est progressif ; avec celle du radium il semble assez brusque ; cependant M. Rutherford a observé qu’en opérant avec de grandes quantités de cette émanation, on peut constater son entraînement par un courant d’air déjà à -155°, alors que la volatilisation complète n’a lieu qu’à -152°. De plus P. Curie et M. Dewar, ainsi que M. Ramsay et M. Rutherford, ont constaté dans diverses expériences, que si une quantité relativement grande d’émanation du radium est condensée à la température de l’air liquide, dans un récipient qui communique avec une trompe à mercure, l’émanation est constamment entraînée dans une certaine mesure à cette tem-