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l’émanation du radium qui se comporte comme un gaz soluble dans l’eau. Ce gaz produit par le radium s’accumule dans les grains du sel solide ; mais si le sel est en solution, l’émanation se dissout elle-même et peut s’échapper dans l’air par l’intermédiaire du liquide. Quand l’air chargé d’émanation se trouve au contact de l’eau, celle-ci s’active en absorbant l’émanation. Si cette eau est ensuite enfermée, de manière que l’émanation ne puisse pas s’échapper, la désactivation se produit lentement à mesure que l’émanation se détruit.

De nombreuses recherches ont démontré la présence de l’émanation du radium dans l’eau de diverses sources, dans l’eau de mer et dans les sources de pétrole ; l’émanation du radium est plus facilement absorbée par le pétrole que par l’eau.

Les expériences de P. Curie et de M. Debierne relatives à l’absorption de l’émanation du radium par l’eau ne pourraient être répétées avec les émanations du thorium et de l’actinium dont la destruction est trop rapide.


L’émanation du radium se dissout dans l’eau dans une proportion déterminée. Les premières expériences à ce sujet sont dues à M. v. Traubenberg qui a étudié l’émanation contenue dans l’eau des sources de Fribourg, et a montré que les lois de solubilité des gaz dans les liquides s’appliquent à cette émanation[1]. La présence d’une émanation radioactive dans les eaux de source venait d’être constatée par M. Himstedt et M. J.-J. Thomson.

M. v. Traubenberg se servait d’une pompe aspirante et foulante qui permettait de faire passer un grand nombre de fois un volume d’air déterminé au travers d’une certaine quantité d’eau, et d’envoyer ensuite cet air dans un appareil où son ionisation était mesurée. Après un nombre suffisant de passages il s’établit entre l’air et l’eau un régime permanent, et l’activité acquise par l’air prend une valeur constante qui peut être 100 fois plus grande que celle que l’on observe pour l’air ordinaire.

Soient et les volumes d’eau et d’air employés, le coefficient de solubilité de l’émanation dans l’eau, et les concentrations

  1. v. Traubenberg, Phys. Zeit., 1904.