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62. Diffusion des émanations. — Un grand nombre de recherches ont été effectuées pour préciser la nature des émanations radioactives. Ces recherches ont mis en évidence, que les émanations se comportent en tout point comme des gaz matériels instables doués de radioactivité. Les recherches entreprises dans cet ordre d’idées comportent l’étude de la diffusion des émanations, de leur solubilité, de leur condensation à basse température, ainsi que les essais d’isolement de l’émanation du radium en vue de la détermination de son spectre et de la mesure de son volume sous pression déterminée. Ces recherches seront exposées ici dans l’ordre indiqué ci-dessus.

P. Curie et M. Debierne ont montré que si une enceinte A, contenant du radium, communique par un long tube capillaire avec une autre enceinte B primitivement inactive, cette dernière s’active progressivement par suite d’un phénomène de propagation de l’activité le long du tube capillaire[1]. Cette propagation correspond à un déplacement de l’émanation du radium, laquelle, en cette circonstance, se comporte comme un gaz qui diffuse de l’enceinte A vers l’enceinte B au sein de l’air qui remplit le tube capillaire, en vertu de la différence de ses concentrations respectives dans les deux enceintes. Quand l’équilibre est établi, les deux enceintes, si elles sont semblables, manifestent la même activité extérieure.

P. Curie et M. Danne ont étudié ensuite quantitativement le partage de l’émanation du radium entre deux réservoirs[2]. La quantité d’émanation contenue dans chaque réservoir était évaluée par le rayonnement extérieur de ce réservoir, ce rayonnement étant mesuré quand l’équilibre de régime était atteint entre l’émanation et la radioactivité induite des parois. Soit un réservoir de volume qui émet un rayonnement  ; on le met en communication avec un deuxième réservoir inactif de volume  ; une partie de l’émanation passe dans ce deuxième réservoir, mais un état de régime n’est établi qu’au bout d’un certain temps t. Pendant ce temps l’émanation est détruite en proportion connue. Soit i le rayonnement qu’aurait émis le premier réservoir au bout du temps t si la communication avec le deuxième réservoir n’avait pas été

  1. Curie et Debierne, Comptes rendus, mars et décembre 1901.
  2. Curie et Danne, Comptes rendus, 1903.