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réduite, les phénomènes se trouvent modifiés. En ce cas les émanations du thorium et de l’actinium peuvent se diffuser facilement et se répandre dans le vase comme le ferait l’émanation du radium.

Les trois émanations ont en commun la propriété d’ioniser les gaz dans lesquels elles se trouvent contenues, d’impressionner les plaques photographiques, et de provoquer la luminosité des substances phosphorescentes, en particulier celle du sulfure de zinc phosphorescent. Le courant obtenu dans un condensateur de mesures qui contient un gaz chargé d’émanation, croît avec la pression du gaz quand la quantité d’émanation reste constante.

Toutes les trois émanations ont la propriété de communiquer aux substances solides, avec lesquelles elles se trouvent en contact, une radioactivité temporaire dite induite. À chaque émanation correspond une radioactivité induite particulière et caractéristique, indépendante de la matière qui la reçoit.

Les émanations peuvent être étudiées par leurs effets ionisants ou par leur faculté de provoquer la phosphorescence. À ce dernier point de vue c’est le sulfure de zinc qui est employé de préférence comme matière phosphorescente. On a vu comment un écran au sulfure de zinc peut servir pour mettre en évidence l’entraînement de l’émanation de l’actinium par les courants d’air. On peut de même obtenir l’illumination d’un écran au sulfure de zinc par l’émanation du radium, en aspirant celle-ci dans un récipient en verre qui contient un tel écran ; avec de grandes quantités d’émanation le phénomène est très brillant. Le verre du récipient est aussi rendu lumineux par l’émanation du radium ; parmi les différentes espèces de verres, le verre de Thuringe est particulièrement sensible, cependant la luminosité est toujours bien plus faible qu’avec le sulfure de zinc.

La propagation de l’émanation du radium le long d’un tube capillaire peut être suivie par l’observation de la luminosité du verre le long de ce tube.

La luminosité du sulfure de zinc en présence des émanations présente un caractère particulier : celui de scintillations. En observant la luminosité avec une loupe, on voit apparaître une multitude de points lumineux dont chacun ne persiste qu’un temps très court. Ce phénomène, sur lequel nous reviendrons plus loin, est surtout frappant avec l’émanation de l’actinium.