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dirigé presque parallèlement à la surface de l’écran, on voit apparaître une traînée de lumière semblable à un jet de fumée lumineuse qui s’estompe progressivement, parce que l’émanation de l’actinium, étant très peu persistante, se détruit en même temps qu’elle est entraînée par le gaz. Si le produit est actif, l’expérience est d’une grande beauté,

La loi de décroissance de l’émanation de l’actinium a été étudiée par M. Debierne[1] qui a employé à cet effet le dispositif expérimental représenté dans la figure 43. La matière actinifère, en grains débarrassés de poussière trop fine, était placée entre deux tampons de coton à l’extrémité du tube O. Un courant d’air rapide traversait la substance et entraînait l’émanation le long du tube. Le tube était porté à un potentiel élevé ; il contenait, ainsi que l’indique la figure, plusieurs électrodes isolées, équidistantes et placées suivant son axe. L’une quelconque de ces électrodes pouvait être réunie à un électromètre, et l’on mesurait le courant de saturation qui pouvait être obtenu entre chaque électrode et le tube. Ce courant est proportionnel à la conductibilité de l’air à l’instant de son passage sur l’électrode considérée, et l’on supposait que cette conductibilité est elle-même proportionnelle à l’activité de l’émanation contenue dans l’air. Connaissant la vitesse du courant d’air, on peut évaluer le temps qui correspond au passage d’une électrode à la suivante.

On constate ainsi que la conductibilité décroît très rapidement le long du tube, et qu’il est nécessaire d’employer un courant d’air très rapide. ( environ), si l’on veut utiliser plusieurs électrodes occupant une grande longueur du tube. La loi de décroissance est une loi exponentielle simple. L’intensité du courant est donnée par l’expression


ou encore


en désignant par l’intensité à une électrode choisie comme origine, par l’intensité mesurée sur l’une des électrodes suivantes, dont le centre est à une distance de celui de l’électrode d’origine,

  1. Debierne, Comptes rendus, 1904.