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la pression atmosphérique jusqu’à une pression de 2cm de mercure, et l’on a laissé le tube se désactiver après avoir été scellé sous cette pression réduite ; on a opéré avec de l’hydrogène ou du gaz carbonique au lieu d’air à l’intérieur des tubes actifs. Cependant la loi de décroissance du rayonnement extérieur s’est maintenue inaltérée malgré ces modifications des conditions de l’expérience.

Une deuxième série d’expériences a été effectuée par P. Curie, en prenant comme mesure de l’activité l’intensité du courant de saturation, obtenu entre deux électrodes, situées dans l’intérieur du tube qui contient l’émanation. Quand on opère ainsi, la conductibilité que l’on mesure est due à la fois au rayonnement du gaz et à celui des parois. Si, en effet, on chasse rapidement l’émanation par un courant d’air et qu’on laisse le tube se remplir d’air inactif, on constate que la conductibilité de l’air entre les deux électrodes, mesurée aussitôt après l’opération, est beaucoup plus faible qu’avant l’opération. On voit ainsi que l’on doit attribuer à l’émanation un rayonnement propre qui n’est pas assez pénétrant pour traverser la paroi du tube et pour agir au dehors, mais qui agit énergiquement pour ioniser l’air contenant l’émanation ; c’est un rayonnement absorbable. Quand l’émanation se trouve brusquement introduite dans le tube, le courant mesuré immédiatement après l’introduction n’est pas nul, mais possède une certaine valeur initiale ; le courant croît ensuite en fonction du temps et atteint une valeur maximum au bout de 3 heures ; le maximum est suivi d’une décroissance lente et régulière, comme dans le cas où l’on mesure le rayonnement pénétrant. La relation entre l’intensité du rayonnement et le temps, compté à partir du moment où l’on introduit l’émanation, est représentée pendant 3 heures par la courbe II de la figure 45. La valeur du courant maximum est environ deux fois plus élevée que celle du courant initial. On peut remarquer que l’accroissement de l’intensité du courant est au début beaucoup plus rapide que dans le cas où l’on utilise seulement les rayons pénétrants (courbe I).

Dans ces expériences avec des électrodes intérieures, la loi de décroissance du rayonnement est la même que dans les expériences précédentes faites avec des électrodes extérieures au gaz contenant l’émanation. La courbe I [fig. 46) représente l’intensité du rayonnement en fonction du temps pendant 6 jours à partir du moment où l’émanation a été introduite dans l’appareil. La courbe II (fig. 46)