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l’activité se concentrant dans la partie la moins soluble. M. Debierne a pu obtenir ainsi un chlorure de baryum 1000 fois plus actif que l’uranium ; ce chlorure était spontanément lumineux. On se demandait à cette époque si le baryum n’avait pas été, dans cette expérience, partiellement transformé en radium. Toutefois le baryum activé ne donnait pas le spectre du radium ; de plus son activité diminuait avec le temps et finit par disparaître au bout de quelques mois. On sait aujourd’hui que l’addition de baryum n’est pas nécessaire, et qu’en précipitant une solution d’actinium par l’ammoniaque, on sépare de l’actinium une substance active, soluble dans l’ammoniaque, dont l’activité n’a qu’une durée limitée. Cette substance a reçu le nom d’actinium X, par analogie avec les substances obtenues d’une manière analogue à partir de l’uranium et du thorium.

Une expérience importante a été faite par M. Crookes sur les sels d’uranium. En précipitant un sel d’uranium par du carbonate d’ammonium en excès, M. Crookes obtenait, après redissolution du précipité d’abord formé, un léger résidu insoluble dans l’excès de réactif. Ce résidu concentrait en lui presque entièrement l’activité primitive de l’uranium, cette activité étant évaluée par la méthode radiographique. En secouant avec de l’éther une solution aqueuse concentrée d’azotate d’urane, M. Crookes trouva de même que l’activité, appréciée par la méthode radiographique, se concentrait dans la portion aqueuse de la solution, tandis que la portion riche en éther et contenant l’urane ne produisait, après évaporation, qu’un effet très réduit. M. Crookes conclut de ces résultats que l’activité devait être attribuée à une substance distincte de l’uranium, qu’il nomma uranium X ([1]).

M. Becquerel entreprit également des essais dans cette voie. Utilisant la réaction dont M. Debierne s’était servi avec l’actinium, il ajouta un peu de chlorure de baryum à la solution du sel d’urane et précipita le baryum par l’acide sulfurique. Par une série d’opérations de ce genre, on peut obtenir de l’uranium sensiblement inactif au point de vue radiographique. Toutefois, M. Becquerel trouva qu’après un an l’uranium avait complètement repris son

  1. Crookes, Proc. Roy. Soc., 1900.