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introduction


caractérisés comme tels, parce qu’ils ont une durée de vie trop brève. Seuls peuvent en effet s’accumuler en quantité appréciable les éléments radioactifs, dont il y a production continue, et dont la vitesse de destruction à quantité donnée n’est pas trop grande. D’autre part, l’intensité des phénomènes radioactifs est proportionnelle à la vitesse de destruction, et si l’on compare des corps à rayonnement analogue, et en quantité semblable, les corps les plus fortement radioactifs sont ceux qui se détruisent le plus vite. Par conséquent, les substances les plus fortement radioactives sont celles qui doivent se rencontrer dans la nature en proportion particulièrement faible, et c’est bien cela qu’indique l’expérience.

Parmi les produits de la destruction des corps radioactifs, il en est un particulièrement intéressant : c’est le gaz hélium qui est produit constamment par le radium, l’actinium, le polonium, l’uranium, le thorium. L’expérience a prouvé que les atomes d’hélium émis doivent être considérés comme des particules α qui ont perdu leur charge électrique. D’autre part, les rayons α des divers corps radioactifs semblent constitués par les mêmes particules matérielles.

Il en résulte que l’atome d’hélium forme, suivant toute probabilité, l’un des constituants de tous ou presque tous les atomes radioactifs, et peut être, en général, un constituant des édifices atomiques. La découverte de la production d’hélium par le radium est due à Ramsay et Soddy et constitue l’un des faits les plus importants dans l’histoire de la Radioactivité.

Certaines transformations radioactives sont très lentes : telle est, par exemple, la destruction de l’uranium et du thorium. Les effets de la transformation sont en ce cas insignifiants, même après plusieurs années. Mais dans les minéraux radioactifs ces mêmes transformations ont pu se produire pendant des temps de l’ordre des époques géologiques, et pour cette raison l’étude des minéraux permet de préciser les liaisons entre les corps radioactifs. Inversement, si une telle liaison est connue, on peut en déduire l’ordre de grandeur du temps pendant lequel la transformation a eu lieu