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CHAPITRE V.

RADIOACTIVITÉ À DURÉE LIMITÉE. — RADIOACTIVITÉ INDUITE. — ÉMANATIONS. — SÉPARATION CHIMIQUE DE SUBSTANCES D’ACTIVITÉ PEU DURABLE.



52. Radioactivité permanente et radioactivité éphémère. — La première substance radioactive connue, l’uranium, possède, comme on sait, une radioactivité permanente qui, de plus, s’est montrée constante avec une grande approximation pendant plusieurs années. C’est précisément cette permanence du rayonnement qui, donnant au phénomène un caractère particulièrement mystérieux, a le plus vivement attiré l’attention des physiciens, et est devenue par cela même l’une des causes les plus actives du progrès rapide réalisé dans la connaissance du domaine nouveau ouvert à la recherche. Et cependant la permanence du rayonnement n’est pas un caractère essentiel de la radioactivité.

La découverte de la radioactivité du thorium et les premiers résultats relatifs aux substances radioactives nouvelles ont laissé subsister la notion de la radioactivité permanente. L’activité du thorium, tout en étant moins régulière, semblait constante comme celle de l’uranium. On sait actuellement que les sels de thorium du commerce subissent des variations d’activité très lentes qui ne peuvent être appréciées qu’au cours des années ; et l’expérience ne conduit d’ailleurs nullement à supposer que l’activité de ces sels puisse disparaître dans un avenir qui ne soit pas très éloigné. Lors de la découverte en 1898 des substances radioactives nouvelles, radium et polonium, le radium prit de suite plus d’importance, parce que sa préparation semblait plus facile, et parce que l’analyse spectrale avait révélé une raie caractéristique de ce corps. Or, l’activité du radium est permanente et constante. La variation d’activité du polonium, n’étant pas rapide, avait échappé pendant