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certaines matières ; c’est ainsi qu’un précipité d’hydrate d’aluminium entraîne les hydrates alcalins présents dans la solution.

Enfin l’entraînement peut aussi être obtenu au moyen de substances insolubles qui sont mises en présence d’une dissolution, et qui, sans être attaquées elles-mêmes, exercent sur certaines matières dissoutes un effet absorbant ou agglutinant. Tel est, par exemple, le rôle du noir de fumée qui absorbe certaines matières radioactives (uranium X) quand il se trouve mélangé à une dissolution bouillante de ces matières.

On voit que les propriétés chimiques des matières très diluées ne peuvent être appréciées, sans crainte d’erreur, que d’après l’ensemble des expériences qui indiquent comment la matière considérée se comporte en présence des diverses matières connues. La distinction peut se montrer facile quand il s’agit d’éléments appartenant à une famille à caractères chimiques très tranchés ; c’est le cas du radium dont la nature chimique s’est manifestée dès le début sans ambiguïté. Mais quand il s’agit de substances qui accompagnent volontiers les éléments des groupes chimiques plus compliqués, l’interprétation des résultats expérimentaux peut être rendue difficile par le manque de netteté dans les réactions chimiques (actinium, radioactinium, etc.).


Je n’ai décrit ou tout au moins indiqué dans ce Chapitre que celles des substances radioactives qui sont douées d’une radioactivité assez permanente pour que l’on puisse les conserver pendant un temps de l’ordre de quelques années. On peut espérer isoler ces substances à l’état de sel pur, ainsi que cela a été fait pour le radium.

Mais les théories actuelles de la radioactivité nous conduisent à envisager l’existence d’un très grand nombre d’autres substances radioactives dont la vie est éphémère, et dont l’état de dilution dans la matière qui les contient est tel qu’il est difficile d’espérer pouvoir les obtenir en quantité pondérable. Ces substances peuvent être solides ou gazeuses ; en ce dernier cas elles portent le nom d’émanations. L’émanation du radium est celle que l’on peut obtenir en quantité relativement plus grande, et l’on a réussi à observer son spectre et son volume.

Ces substances seront généralement caractérisées par la nature