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Il est utile d’attirer l’attention sur les difficultés que l’on rencontre, quand on cherche à préciser les caractères chimiques des substances radioactives nouvelles. On a, en effet, fréquemment fait observer que les réactions chimiques des substances qui se trouvent dans un mélange, en proportion extrêmement faible, doivent dépendre de la nature des substances qui se trouvent dans le même mélange à l’état plus concentré. Une substance fortement radioactive, telle que le polonium ou le radium, se trouve dans la solution du minerai à un tel état de dilution, qu’elle ne doit en réalité pouvoir précipiter par aucun réactif si on la considère isolément ; tous les sels possèdent en effet une certaine solubilité si faible qu’elle soit, et, dans le cas considéré, cette solubilité devrait, semble-t-il, être toujours suffisante pour empêcher la précipitation. Si celle-ci a lieu, c’est qu’elle est déterminée par la présence dans la solution d’une quantité suffisante d’une matière qui est elle-même précipitée par le réactif employé, et qui a le pouvoir d’entraîner avec elle la matière active. L’entraînement est souvent déterminé par cette circonstance que les deux substances sont liées par une réelle parenté chimique, et qu’elles peuvent en particulier cristalliser ensemble en toute proportion, leurs sels étant isomorphes. Tel est le cas du radium et du baryum. Dans les solutions radifères obtenues directement à partir du minerai, le radium est si dilué que sa précipitation ne semble pas possible ; cette précipitation se fait cependant d’une manière complète en présence d’un peu de baryum, par tous les réactifs qui précipitent le baryum.

Si l’entraînement régulier par une certaine substance est une indication sérieuse de parenté chimique, on connaît cependant des cas où l’entraînement a lieu entre deux substances qui ne font pas partie de la même famille. On sait, par exemple, avec quelle facilité un précipité de sulfate de baryum entraîne une partie du fer qui se trouve en solution avec le baryum ; ce sulfate étant ensuite transformé en chlorure, on peut séparer le fer et le baryum, en précipitant la dissolution peroxydée par l’ammoniaque.

Les précipités gélatineux possèdent aussi le pouvoir d’entraîner