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une accumulation d’activité dans la portion du sel la plus soluble. Toutefois la matière active de la portion soluble n’était pas du radium, mais présentait tous les caractères de l’activité du thorium avec une intensité bien plus grande à poids égal ; elle émettait, en particulier, une émanation de courte durée, qui a pu être identifiée avec l’émanation du thorium. La matière nouvelle était associée avec le thorium et le fer ; les réactions sont, en général, incomplètes, et la concentration est difficile. Cependant M. Hahn a réussi à obtenir 11mg d’une matière qui donnait 500 000 fois plus d’émanation que le même poids d’oxyde de thorium. Cette matière précipite par l’ammoniaque, elle fait donc partie du groupe du fer. M. Hahn a donné le nom de radiothorium à l’élément fortement radioactif dont il a ainsi constaté l’existence. M. Blanc a trouvé cette même matière dans les dépôts des sources d’Échaillon et de Salins-Moutiers ; il a constaté qu’elle suit les réactions du thorium. Il a aussi prouvé que l’on peut extraire le radiothorium du nitrate de thorium du commerce ; pour cela on additionne la solution chaude de ce sel d’une petite quantité de solution de baryte, et l’on précipite ensuite le baryum par l’acide sulfurique ; le précipité de sulfate de baryum formé à chaud entraîne du thorium et du radiothorium. On transforme les sulfates en chlorures, et l’on précipite la solution des chlorures par l’ammoniaque ; les hydrates obtenus ne donnent pas d’abord l’émanation du thorium, mais peu à peu la production de celle-ci augmente et atteint une limite constante après un mois environ. M. Blanc a ainsi obtenu des hydrates qui donnaient 5000 fois plus d’émanation que l’hydrate de thorium à poids égal[1]. MM. Elster et Geitel ont trouvé du radiothorium dans les dépôts des sources de Bade et ils en ont également extrait des sels de thorium du commerce[2].

Les travaux de MM. Blanc, Elster et Geitel prouvent que, conformément à ce qu’on pouvait supposer, l’activité des sels de thorium du commerce est due, sinon totalement, au moins en grande partie, au radiothorium qui y est contenu.

Il résulte de tous ces travaux que le radiothorium est une sub-

  1. Blanc, Phys. Zeit., 1906.
  2. Elster et Geitel, Phys. Zeit., 1906.