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dans les oxydes du groupe du fer extraits de la pechblende ([1]). Dans ce groupe l’actinium semble devoir se placer parmi les éléments de la série des terres rares. On sait combien grandes sont les difficultés que présente la chimie des terres rares, et combien les séparations des éléments de ce groupe sont laborieuses. Ces difficultés se retrouvent dans la préparation de l’actinium ; les réactions chimiques qui ont été essayées pour concentrer ce corps se montrent, en général, incomplètes, et la matière active éprouve un éparpillement qui rend très pénibles les progrès de la concentration. L’actinium peut suivre le titane, le thorium, le didyme, le lanthane, et il est difficile actuellement d’avoir une opinion ferme sur sa nature chimique. Il semble toutefois légitime de prévoir qu’il restera associé au groupe des terres rares.

Dès le début de ses recherches sur l’actinium, M. Debierne a constaté que ce corps est très facilement entraîné avec le fer et les terres rares par un précipité de sulfate de baryum. Si la solution du minerai (résidu de pechblende) est précipitée par l’acide sulfurique, le sulfate de baryum radifère qui se dépose contient des corps du groupe du fer qui sont actifs et dont l’activité est due à l’actinium. Pour séparer ce corps on transforme les sulfates en chlorures, et l’on précipite la dissolution peroxydée des chlorures par l’ammoniaque. C’est ainsi que les sulfates bruts obtenus à partir du minerai sont la source la plus importante d’actinium ; mais on en trouve aussi dans les dissolutions obtenues à la suite des attaques par l’acide chlorhydrique qui ont lieu au cours du traitement. Ces dissolutions sont d’abord précipitées par l’hydrogène sulfuré ; les sulfures étant enlevés, la dissolution restante, peroxydée et précipitée par l’ammoniaque, fournit les hydrates à actinium. L’ensemble des divers hydrates constitue la matière première que l’on traite pour en extraire l’actinium.

Le procédé de concentration et de purification, généralement employé par M. Debierne, était le suivant : les hydrates fraîchement précipités par l’ammoniaque sont traités par l’acide fluorhydrique étendu ; les fluorures insolubles sont les plus actifs, ils contiennent l’actinium avec le lanthane, le didyme, le cérium, le thorium. Ces fluorures sont transformés en chlorures, et la dissolution de ces

  1. A. Debierne, Comptes rendus, 1899 et 1900.