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immersion répétée de lames dans la solution obtenir le dépôt de toute la matière active qui y est contenue.


M. Marckwald considérait, d’après ces expériences, que la matière active était différente du bismuth et qu’elle était analogue au tellure, avec lequel elle avait été entraînée dans la précipitation par le protochlorure d’étain. Il croyait d’ailleurs que la substance conservait une activité constante. Pour ces raisons il décrivit la substance préparée par lui, sous le nom nouveau de radiotellure. Il paraissait toutefois très probable dès le début que le radiotellure était identique au polonium. En effet les deux substances avaient été retirées du bismuth obtenu dans le traitement de la pechblende, et toutes les deux étaient caractérisées par l’émission d’un rayonnement très peu pénétrant, ne se propageant dans l’air qu’à une faible distance et ne pouvant traverser un écran métallique, à moins que celui-ci ne soit très mince.

La suite des recherches de M. Marckwald montra que le radiotellure perd son activité avec le temps, et que l’on peut séparer la matière active du tellure. Pour cela on précipite le tellure en ajoutant du chlorure d’hydrazine à la solution chlorhydrique de la matière active. L’activité reste en solution. En précipitant ensuite la matière par le protochlorure d’étain, M. Marckwald a obtenu 4mg d’un précipité d’une activité considérable. En plongeant une lame de cuivre dans la solution de ce précipité et en ne lui laissant recueillir qu’une faible portion de la substance, on pouvait cependant rendre la lame extrêmement active ; celle-ci produisait ensuite sur un écran phosphorescent au sulfure de zinc un éclairement assez intense pour pouvoir être observé par un auditoire nombreux.

L’identité du radiotellure et du polonium a été définitivement prouvée par l’observation exacte de la loi de décroissance de l’activité pour les deux substances. Cette détermination a été faite par M. Marckwald sur la substance préparée par lui, et par moi-même sur des échantillons de substance préparés, d’une part par ma méthode primitive, d’autre part par la méthode de M, Marckwald (dépôt sur métaux) ([1]). Il résulte de ces travaux que pour

  1. Marckwald, Jahrbuch d. Rad., 1905 — Mme Curie, Comptes rendus, 1906.