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La méthode indiquée est en même temps une méthode de purification en ce qui concerne les traces de plomb et de cuivre qui peuvent accompagner le bismuth à polonium ; les azotates de ces corps étant solubles se trouvent très complètement éliminés. Cette méthode présente cependant de grandes difficultés, car il se forme souvent des composés absolument insolubles dans les acides étendus ou concentrés. Ces composés ne peuvent être redissous qu’en les ramenant préalablement à l’état métallique, par la fusion avec le cyanure de potassium, par exemple. Étant donné le nombre considérable des opérations à effectuer, cette circonstance constitue une difficulté énorme pour le progrès du fractionnement. Cet inconvénient est d’autant plus grave que le polonium est une substance qui, une fois retirée de la pechblende, diminue d’activité. La baisse d’activité est d’ailleurs lente ; on sait actuellement que l’activité d’un échantillon de polonium diminue de moitié en un temps égal à 140 jours environ.

Aucune difficulté analogue ne se présente pour le radium, dont la concentration se fait très régulièrement ; de plus, les progrès du travail ont pu, depuis le début, être constamment contrôlés par l’analyse spectrale.

Quand les phénomènes de la radioactivité induite ont été connus, l’existence du polonium, en tant qu’élément nouveau, a été mise en doute, et l’on a supposé que le bismuth extrait de la pechblende avait pu être activé temporairement par le voisinage du radium dans ce minerai. Cette hypothèse a été modifiée par suite du développement de l’étude de la radioactivité induite. D’après l’interprétation actuelle de ce phénomène, l’activité du bismuth contenu dans la pechblende a bien pour cause la présence de radium dans ce minerai ; toutefois l’élément actif n’est pas le bismuth, mais bien un élément nouveau qui se forme en présence du radium et qui s’en sépare lors de l’analyse du minerai pour suivre le bismuth, avec lequel il a plus d’analogie chimique ; cet élément doit être considéré comme instable, et l’on admet qu’il se détruit spontanément en fonction du temps.

Les rayons émis par le polonium sont très absorbables et l’on ne constate aucune émission de rayons pénétrants. Ce caractère important du rayonnement du polonium a été mis en évidence dès le début des recherches sur la composition du rayonnement des