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élevé, en opérant sur une aussi faible quantité de matière ; celle-ci est d’ailleurs trop précieuse pour que l’on puisse risquer en perdre en effectuant un grand nombre de fois la suite des opérations nécessaires pour déterminer le poids atomique.

On peut estimer qu’un chlorure, dans le spectre duquel les raies 455,42 du baryum et 453,33 du radium ont la même intensité, correspond à un poids atomique moyen 223 ou 224.

Une série de mesures ayant pour but la détermination du poids atomique du radium a été effectuée par M. Thorpe sur 0g,06 à 0g,08 de chlorure de radium ([1]). Ce sel avait été préparé par M. Thorpe suivant la méthode de M. Curie, et la méthode employée pour le dosage était également la même. La pureté du sel était contrôlée par l’examen du spectre d’étincelle. Les nombres obtenus dans trois expériences consécutives sont 226,8, 225,7 et 227,7, en adoptant la base Ag = 107,93, Cl = 35,45. La moyenne des trois nombres obtenus est 226,73 ; cette moyenne ne diffère que de 0,25 unité du nombre 226,45 qui résulte des expériences de M. Curie. Cette concordance entre les résultats obtenus par des expérimentateurs différents, sur un sel préparé indépendamment en France et en Angleterre, est très remarquable et constitue une garantie sérieuse de l’exactitude du nombre obtenu pour le poids atomique du radium. Il semble, d’ailleurs, naturel d’adopter pour ce dernier la valeur 226,45 donnée par M. Curie, dont les expériences ont porté sur une quantité de sel pur cinq fois plus grande que celle dont disposait M. Thorpe et présentent entre elles une concordance très étroite.


La valeur du poids atomique du radium que j’ai publiée en 1902 a été contestée à cette époque par MM. Runge et Precht ([2]). Ces savants ont fait une étude comparée des spectres des métaux alcalino-terreux, y compris celui du radium, et ont cru pouvoir conclure de cette étude que le poids atomique du radium est égal à 258. S’il en était ainsi, le sel que je considérais comme pur aurait contenu une forte proportion de baryum (20 pour 100 environ) ;

  1. Thorpe, Proc. Roy. Soc., 1908.
  2. Runge et Precht, Phys. Zeit., 1903.