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Ces précautions ont eu pour effet de réduire dans une grande proportion la formation des résidus insolubles, mais non de la supprimer complètement. Les résidus insolubles très faibles qui se produisaient encore ne pouvaient plus être attribués qu’à l’attaque des capsules et des verres par le chlorure de radium. J’ai essayé d’évaporer une solution acide de chlorure de radium dans une capsule de platine, mais celle-ci a été franchement attaquée avec dissolution d’une quantité notable de platine. Il ne restait donc que la ressource d’opérer rapidement. En effet, l’attaque des vases semble avoir lieu surtout quand les cristaux encore humides sont en contact avec la paroi. Une solution de chlorure de radium peut se maintenir limpide pendant longtemps et, si on l’évapore, le résidu insoluble est toujours relativement faible. De même un sel sec, enfermé dans une ampoule ou placé dans une capsule, ne devient jamais en majeure partie insoluble, même après une année ou davantage. Le composé insoluble se forme peu à peu quand on soumet la solution du sel à des évaporations nombreuses. Ce composé est probablement un silicate, mais je ne m’en suis pas assurée.

Quand après filtration une solution limpide de chlorure de radium, contenant de l’acide chlorhydrique, est rapidement évaporée à sec au bain-marie, les cristaux déposés, recueillis et séchés dans une étuve à 150°, se dissolvent dans l’eau pure sans résidu et peuvent par conséquent servir pour une détermination de poids atomique.


Voici la marche d’une détermination de poids atomique.

Le chlorure de radium, qui vient de cristalliser d’une solution limpide, est séché au bain-marie et transporté dans un creuset de platine préalablement pesé. Le creuset est porté à l’étuve et maintenu pendant une demi-heure à 150°. Le sel perd alors complètement son eau de cristallisation et atteint un poids constant que l’on détermine en laissant refroidir le creuset dans un dessiccateur à anhydride phosphorique, et en le pesant aussi rapidement que possible, pour éviter l’absorption de la vapeur d’eau pendant la pesée. J’ai vérifié que le poids du sel ne varie pas par une nouvelle chauffe à 150°, et en réalité même à 120° ou 130° l’eau de cristallisation est chassée en un temps de l’ordre d’une demi-heure