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théorie adoptée dès le début de nos recherches par P. Curie et moi, théorie d’après laquelle la radioactivité est une propriété atomique et peut par conséquent servir comme base à une méthode d’analyse chimique. La théorie de désintégration des éléments radioactifs, sous la forme que lui ont donnée MM. Rutherford et Soddy, peut être considérée comme une extension de la théorie primitive qui a conduit à la découverte des substances radioactives nouvelles. La théorie de désintégration admet en effet que, la radioactivité étant attachée à l’atome, les phénomènes qui mettent en évidence une apparition ou une disparition de radioactivité correspondent à une formation ou une destruction des atomes auxquels appartient cette radioactivité. De nombreux exemples de tels phénomènes seront cités dans la suite de ce Livre. La théorie admet d’ailleurs qu’il n’existe pas de radioactivité permanente, et que la radioactivité de matières telles que l’uranium ou le radium, finira par disparaître, en même temps que ces éléments, après un temps extrêmement long.


La pechblende étant un minerai coûteux, nous avons renoncé à en traiter de grandes quantités. En Europe, l’extraction de ce minerai se fait dans la mine de St. Joachimsthal, en Bohême. Le minerai broyé est grillé avec du carbonate de soude, et la matière résultant de ce traitement est lessivée, d’abord à l’eau chaude, puis à l’acide sulfurique étendu. La solution contient l’uranium qui donnait à la pechblende sa valeur. Le résidu insoluble était rejeté. Ce résidu qui contient des substances radioactives et dont l’activité est de 3 à 5 fois plus grande que celle de l’oxyde d’urane, nous a servi de matière première ; il a actuellement une très grande valeur.

En même temps que nous commencions à organiser le traitement de grandes quantités de matière, divers autres savants ont entrepris des recherches sur les substances radioactives nouvelles. En Allemagne M. Giesel s’occupa de la préparation industrielle du radium. Au cours du traitement effectué sur le minerai, il a été amené à en extraire une substance radioactive qu’il nomma émanium ; ce corps s’est montré dans la suite identique à l’actinium. M. Marckwald, en traitant des produits qui provenaient