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Il est de même possible d’obtenir du baryum de plus en plus riche en radium, en soumettant le mélange des chlorures à une cristallisation fractionnée dans l’eau ou dans un mélange d’eau et d’acide chlorhydrique, ou encore en opérant des précipitations fractionnés par l’alcool sur la solution des chlorures. Dans les deux cas, le chlorure de radium se montre moins soluble que celui de baryum.

Enfin un argument très important en faveur de l’existence d’éléments radioactifs nouveaux a été apporté par l’analyse spectrale. L’examen spectroscopique des produits obtenus par nous a été entrepris par Demarçay, qui se servait de la méthode très précise des spectres d’étincelle photographiés.

L’un des premiers échantillons de chlorure de baryum radifère, d’activité environ 60 fois plus grande que celle de l’oxyde d’urane, a été soumis à l’analyse spectrale. Le spectre était celui du baryum ; toutefois Demarçay y découvrit en plus une raie nouvelle d’intensité notable et de longueur d’onde dans le spectre ultraviolet. Avec des produits plus actifs préparés ensuite, et dont l’activité atteignit une valeur 900 fois plus grande que celle qui correspond à l’oxyde d’urane, on vit la raie se renforcer, en même temps que deux autres raies nouvelles devenaient visibles ([1]). Nous avions ainsi la confirmation de l’hypothèse que le radium est un élément nouveau. Mais l’examen des échantillons de bismuth actif n’a fait connaître aucune raie autre que celles qui caractérisent le bismuth.

Les échantillons de sel de bismuth à polonium et de sel de baryum radifère obtenus dans ce travail préliminaire, avaient respectivement une activité 400 et 900 fois plus grande que celle de l’oxyde d’urane. Avec ces substances nous avons découvert que les rayons Becquerel produisent la fluorescence du platinocyanure de baryum.

Il apparaissait toutefois comme évident que les produits obtenus étaient constitués presque totalement par de la matière inactive tandis que le polonium et le radium n’y étaient présents qu’en proportion très faible. Nous nous sommes donc trouvés en

  1. Demarçay, Comptes rendus, décembre 1898.