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Pour nous rendre compte de la proportion de matière active contenue dans les diverses substances résultant d’une opération, nous avions coutume de considérer un nombre nommé produit de radioactivité ; ce nombre est le produit du poids d’une matière par son activité mesurée en unités arbitraires. Quand l’opération a été achevée, et que l’activité de toutes les substances obtenues a été mesurée, le produit de radioactivité primitif doit se retrouver dans la somme des produits de radioactivité relatifs aux substances résultantes. Nous avons constamment employé ce mode de calcul dans les premiers traitements qui ont servi pour orienter les recherches, et cela nous a été extrêmement utile ; nous retrouvions, en général, très exactement le produit de radioactivité, et nous pouvions nous assurer ainsi que nous n’avions pas perdu de matière active, ou bien contrôler les raisons d’une perte quand celle-ci se produisait. Nous avions aussi par là une indication précieuse sur l’importance relative des diverses portions obtenues après chaque traitement. On sait aujourd’hui que de tels calculs peuvent être sujets à des erreurs, et que, parmi les matières radioactives, celle que l’on désirerait conserver n’est pas toujours celle qui est la plus active à l’époque où l’on fait la mesure. Certains traitements séparent, en effet, des substances très actives dont l’activité disparaît peu à peu, tandis que la substance restante, peu active après le traitement, acquiert ensuite progressivement une activité durable. Nous rencontrerons dans la suite des exemples de cas pareils. Malgré cela, la méthode indiquée rend de grands services pour le traitement général de minerais et pour divers traitements particuliers relatifs à une seule substance, par exemple au radium. Il suffit de prendre dans divers cas des précautions qui résultent de la nature des substances présentes. Si de plus on considère comme possible la présence d’une substance radioactive inconnue, il est nécessaire de conserver toutes les portions du traitement, quelle que soit leur activité initiale, et de suivre la valeur de cette activité pendant un temps suffisant, pour s’assurer si elle subit une évolution intéressante.

La méthode de recherches indiquée donne des indications comparables, en une certaine mesure, à celles que pourrait fournir l’analyse spectrale. Toutefois il semble, a priori, que, si l’on peut découvrir ainsi un corps radioactif, on ne peut pas distinguer