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naire ; elle doit avoir lieu dans l’atome même, puisque la radioactivité est un phénomène atomique. Ce serait le premier exemple de la modification devant nos yeux de la structure interne de cet édifice matériel qu’est l’atome, édifice incomparablement plus stable que la molécule, à tel point qu’on pouvait le considérer comme invariable dans l’état actuel de l’univers. Dans cette manière de voir, la base pour la définition du corps radioactif se trouve tout indiquée ; il y a radioactivité quand il y a émission de rayons Becquerel liée à une transformation atomique spontanée. On peut d’ailleurs concevoir l’existence d’éléments qui éprouveraient une transformation atomique sans émettre de rayons Becquerel, c’est-à-dire sans être radioactifs.


Certains travaux récents conduisaient à admettre que la radioactivité appartient à un degré très faible à toutes les substances. Cette supposition n’a par elle-même rien d’invraisemblable, si l’on considère que nous connaissons actuellement des corps comme le radium dont l’activité est, à poids égal, plus d’un million de fois plus grande que celle de l’uranium. On sait aussi combien sont grandes les différences qui se manifestent entre les propriétés magnétiques des corps tels que le fer, d’une part, et des métaux faiblement magnétiques comme le cuivre, d’autre part. Toutefois l’identité des phénomènes observés sur diverses matières avec le phénomène de radioactivité atomique ne peut encore être considérée comme établie (voir § 231). La démonstration est d’ailleurs rendue très difficile par ce fait que, d’après nos connaissances actuelles, certaines matières radioactives, et en particulier le thorium et le radium, sont très répandues dans le sol ; les émanations radioactives de ces corps sont aussi toujours contenues dans l’air atmosphérique.

Les résultats de recherches récentes conduisent cependant à attribuer au potassium une radioactivité atomique environ 1000 fois plus faible que celle de l’uranium ; le même fait a été constaté pour le rubidium.

L’uranium et le thorium sont les deux éléments qui étaient seuls reconnus radioactifs avant la découverte des substances radioactives nouvelles par P. et M. Curie. Ces éléments sont