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mélanges disparaît lentement en fonction du temps. Nous ne devons donc pas considérer la permanence du rayonnement comme un caractère indispensable pour reconnaître la présence d’une substance radioactive. D’après les théories modernes de la radioactivité, on doit cependant penser que la radioactivité est en effet une propriété inséparable de la matière qui en est douée, et que, si la radioactivité disparaît, c’est que la matière disparaît elle-même. Dans cette théorie les éléments radioactifs sont composés d’atomes instables qui se détruisent en émettant des rayons Becquerel et en donnant lieu à la formation d’autres atomes de poids atomique inférieur ; la radioactivité paraît d’autant plus permanente que la vitesse de destruction est moins grande.


Nous avons désigné par rayons Becquerel l’ensemble des rayons qui peuvent être émis spontanément par certains atomes, en particulier par ceux de l’uranium et du thorium. On sait aujourd’hui que ces rayons ne sont pas tous de la même espèce, mais peuvent appartenir à trois types différents, dont chacun est analogue à l’un des trois types de rayons antérieurement connus : rayons cathodiques, rayons positifs, rayons Röntgen. Les rayons des deux premiers types sont de nature corpusculaire, étant constitués respectivement par des électrons négatifs en mouvement rapide (rayons cathodiques), et par des particules chargées positivement animées d’un mouvement rapide (rayons positifs). L’uranium et le thorium émettent, ainsi qu’on le verra plus loin, les trois espèces de rayons ; il semble cependant que ce n’est pas là un caractère fondamental de l’émission, et que l’émission de rayons négatifs peut dans certains cas exister seule. Il faut aussi remarquer que l’émission de rayons positifs est la seule que l’on constate avec le polonium quand on ne considère que les rayons doués de pouvoir ionisant ; mais qu’une recherche plus approfondie a prouvé que le polonium émet aussi des électrons négatifs dont la vitesse est insuffisante pour qu’ils puissent se comporter comme rayons ionisants.

Si les corps radioactifs sont en voie de transformation, cette transformation ne peut être une transformation chimique ordi-