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décrites plus loin (§ 147). Elles ont conduit à admettre l’indépendance du rayonnement de la température dans des limites très étendues. Divers auteurs ont constaté qu’on ne modifiait pas l’intensité du rayonnement en soumettant le composé d’urane à un éclairage intense au moyen de lumière ordinaire ou de lumière ultraviolette. On pouvait donc se demander quelle était la cause qui entretenait le rayonnement.

Par leurs propriétés les rayons uraniques semblaient analogues à certains autres rayonnements connus. On pouvait les rapprocher des rayons cathodiques, des rayons positifs, des rayons Röntgen ou des rayons secondaires émis par les métaux quand ils sont frappés par les rayons Röntgen. Pour distinguer entre ces diverses hypothèses, une étude plus approfondie était nécessaire, et cette étude était rendue difficile, sinon impossible, par la faiblesse du rayonnement. On sait aujourd’hui que toutes les analogies indiquées s’appliquent au rayonnement des corps radioactifs. Si en particulier les rayons uraniques étaient des rayons secondaires dus à un rayonnement très pénétrant traversant l’espace et pouvant être absorbé et transformé par l’uranium, on pouvait, par exemple, chercher dans le Soleil l’origine de ce rayonnement excitateur, et penser que si pénétrant qu’il soit, il pourrait être absorbé totalement ou partiellement en traversant la terre entière. Partant de cette idée, P. Curie a mesuré l’intensité du rayonnement de l’uranium à midi et à minuit, mais n’a trouvé aucune différence. MM. Elster et Geitel, en suivant la même idée, ont mesuré l’intensité du rayonnement de l’uranium à la surface du sol et au fond d’une mine de 850m de profondeur ; dans les deux cas ils ont obtenu le même résultat.


36. Étude des composés d’uranium. — J’ai entrepris en 1897 un travail qui avait pour but de rechercher si les propriétés curieuses de l’uranium se retrouvaient dans d’autres corps. Le dispositif expérimental employé était celui de la figure 32. Diverses matières étaient pulvérisées et étalées en couche uniforme sur des plateaux semblables, ayant le même diamètre que le plateau et destinés à être posés sur celui-ci avec la matière qu’ils portaient. On mesurait, par la méthode du quartz piézoélectrique, le courant