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C’est le courant ainsi calculé qui a été utilisé pour la construction des courbes. Quand la différence de potentiel extérieure devient assez grande, l’effet de la force électromotrice de contact, qui ne dépasse pas 1 volt, devient négligeable, et l’intensité du courant est alors la même quel que soit le sens du champ entre les plateaux.

On voit que la courbe affecte, dans les conditions de l’expérience, une forme qui correspond à une production d’ions en volume, ne s’écartant pas trop d’une distribution uniforme. Toutefois il est certain que l’ionisation est dans ces conditions particulièrement intense au voisinage du plateau actif. Avec des distances de plateaux plus grandes, il est possible d’obtenir des courbes qui mettent ce fait nettement en évidence ; pour les champs faibles le courant croît alors plus rapidement que la différence de potentiel entre les plateaux, et l’intensité du courant dépend du sens du champ de telle manière, qu’elle est plus grande quand le plateau actif est chargé négativement que dans le cas opposé, tant que la saturation est éloignée ; cette dissymétrie résulte de la différence des mobilités entre les ions positifs et les ions négatifs.

Ainsi que je l’ai déjà indiqué, le rayonnement uranique est constant dans les limites du temps sur lequel s’étendent les observations, et dans les limites de précision des expériences. Cette précision ne peut en réalité être évaluée à plus de 2 ou 3 pour 100 pour les expériences faites au début et qui portaient sur plusieurs années ; elle est de 1 pour 100 pour les expériences plus récentes qui ne portent encore que sur deux ans et demi. La constance du rayonnement uranique a été une cause d’étonnement profond pour les physiciens qui les premiers se sont intéressés à la découverte de H. Becquerel. Cette constance paraît en effet surprenante ; le rayonnement ne semble pas varier spontanément avec le temps, et n’est pas influencé par la variation de conditions extérieures telles que l’éclairement ou la température. H. Becquerel a constaté qu’une sphère d’uranium, reliée à un électroscope et suspendue au milieu d’une enceinte reliée au sol et entourée d’eau à température variable, se décharge aussi rapidement, quand elle est à 7° que quand elle est à 83°. Dans cette expérience les rayons de l’uranium étaient presque totalement absorbés par l’air. Des expériences faites à la température de l’air liquide, et dont l’interprétation est moins directe, seront