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preuve que les rayons émis par ces substances jouissent de la propagation rectiligne.

Les expériences suivantes dues à M. Rutherford ([1]) prouvent que, contrairement aux résultats primitivement annoncés par H. Becquerel, les rayons uraniques n’éprouvent ni la réflexion régulière, ni la polarisation.

La substance active, oxyde d’urane, est recouverte d’un écran de plomb épais, percé d’une fente assez étroite. Une nappe de rayons s’échappe de la fente et se trouve limitée par les bords de celle-ci. En face de la fente est placé un prisme dont l’arête est parallèle à la fente. Au delà du prisme et à une distance de 5mm de la fente se trouve une plaque photographique dont la couche sensible est tournée vers le bas. La durée de l’exposition est de 8 jours. L’impression visible après le développement de la plaque a la forme d’une bande noire placée exactement en face de la fente sans aucun indice de déviation.

Dans une autre expérience, l’oxyde d’urane est placé au fond d’une cavité creusée dans une plaque de plomb . Une lame de tourmaline très mince, ayant ses faces parallèles à l’axe optique, est posée sur la plaque  ; elle est recouverte de deux autres lames de tourmaline minces, ayant aussi leurs faces parallèles à l’axe, et placées l’une au contact de l’autre de telle manière, que pour l’une d’elles l’axe a la même direction que celui de la tourmaline inférieure, tandis que pour l’autre il se trouve à angle droit de cette direction. La moitié du rayonnement traverse donc deux tourmalines dont les axes coïncident en direction, tandis que l’autre moitié traverse deux tourmalines dont les axes sont croisés. Une plaque photographique est placée sur les lames de tourmaline avec la couche sensible en dessous. Sur l’impression obtenue au bout de quelques jours, on ne constate aucune différence entre les parties qui correspondent aux portions du rayonnement ayant traversé respectivement les deux tourmalines juxtaposées.

Des expériences analogues effectuées par H. Becquerel avec l’uranium, et plus tard avec le radium, ont donné des résultats en accord avec les précédents. Des expériences faites avec des miroirs concaves n’ont donné aucun indice de réflexion régulière. Dans

  1. Rutherford, Phil. Mag., 1899.