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sateur dont les plateaux ont une distance de 4cm, afin d’utiliser l’effet total des rayons . Toutefois déjà dans les conditions de l’expérience les rayons absorbables de l’uranium sont assez complètement utilisés, pour que l’on ne constate aucune influence appréciable de la pression et de la température de l’air contenu dans le condensateur sur la valeur du courant.


L’expérience montre que l’action des composés d’uranium peut se produire au travers d’écrans de diverse nature, à condition que ceux-ci soient suffisamment minces ; en effet, le passage au travers de toute matière entraîne une réduction de l’intensité du rayonnement. Cette réduction ou absorption ne dépend en première approximation que de la densité de la matière traversée et croît avec celle-ci. C’est ainsi que le rayonnement uranique est en majeure partie absorbé en traversant une épaisseur d’air de 3cm à 4cm ou une épaisseur d’aluminium d’environ 0,02mm ; une lame d’aluminium dont l’épaisseur est égale à 0,01mm laisse passer une fraction de l’intensité du rayonnement, qui est égale à 20 pour 100 environ du rayonnement total, la mesure étant faite par la méthode électrique.

On voit d’après cela que si, par leurs effets photographiques et leur pouvoir ionisant, les rayons uraniques se rapprochent des rayons Röntgen, leur pouvoir de pénétration au travers de la matière est cependant très différent et très inférieur à celui des rayons Röntgen ; ces derniers peuvent, par exemple, se propager dans l’air à des distances de l’ordre de 1m et traverser un écran d’aluminium de plus de 1mm d’épaisseur.

L’action exercée par les composés d’urane se présente au moins en première approximation comme un rayonnement, c’est-à-dire que cette action est arrêtée par les écrans opaques, sans les contourner ; c’est ainsi qu’un écran interposé entre la source radiante et une plaque photographique porte ombre, même quand il n’est pas au contact immédiat de la plaque. Toutefois il est difficile de mettre en évidence la propagation rectiligne du rayonnement uranique, parce que ce rayonnement est trop faible pour que l’on puisse se servir d’une source de petites dimensions placée à une distance suffisante de la plaque. Les expériences faites avec les substances fortement radioactives (voir § 102) apportent la