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que l’absorption ainsi définie est proportionnelle à la densité de l’air ou autre gaz utilisé, c’est-à-dire qu’elle varie en raison directe de la pression et en raison inverse de la température absolue. Par suite, le courant de saturation que l’on peut obtenir avec une substance active pourra aussi dépendre de la masse de gaz contenue entre les électrodes par unité de leur surface. Si cette masse est suffisante pour l’absorption complète du rayonnement, le courant de saturation est indépendant de la distance des électrodes, ainsi que de la pression et de la température du gaz.

Les rayons émis par les substances radioactives peuvent être à ce point de vue de nature très différente. Ainsi les rayons du groupe qui constituent le plus souvent la partie principale du rayonnement ionisant, ont dans l’air un parcours limité dont la longueur varie en raison inverse de la densité de l’air. Ce parcours n’est souvent que de quelques centimètres, et alors il est facile d’utiliser l’ionisation totale le long du parcours, à condition toutefois de disposer d’une batterie de charge donnant un voltage suffisant pour la saturation. C’est ainsi que pour le polonium l’action ionisante est complètement épuisée à 4cm de la substance dans l’air à la pression normale et à la température ordinaire. Mais il existe d’autres groupes de rayons (rayons et ) qui sont absorbés par l’air plus progressivement, et pour lesquels l’effet ionisant ne peut en général être épuisé. La densité du courant augmente alors d’une manière continue avec la distance des électrodes ou avec la densité de l’air, pourvu que la saturation soit maintenue, et que la distance des plateaux reste petite par rapport à leur diamètre.

Considérons l’hypothèse simple d’après laquelle l’ionisation varierait en fonction de la distance à la substance active suivant une loi exponentielle. Cette hypothèse est approximativement réalisée dans certains cas. Soit la concentration en ions à la distance de la substance active et la distance des plateaux. On aura par hypothèse

,


étant la concentration des ions au contact de la substance active et un coefficient constant nommé coefficient d’absorption.

Le nombre total des ions formés entre les plateaux par unité