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avec le modèle ordinaire de l’électromètre Curie, en utilisant un fil de suspension de 0,02mm de diamètre et de 0,40m à 0,50m de longueur.

L’isolement par les supports doit être aussi parfait que possible pour les quadrants ; il est moins important pour l’aiguille, si celle-ci est maintenue à potentiel constant et chargée au moyen d’une batterie pouvant débiter un faible courant. Les meilleurs isolants solides sont le soufre, l’ambre et l’ébonite, à l’état de grande propreté. Les deux premières substances ne sont pas hygroscopiques et isolent même dans l’air humide ; l’ébonite n’isole bien que dans l’air sec et nécessite l’emploi de desséchants, tels que l’acide sulfurique concentré, à l’intérieur de la cage de l’appareil. L’emploi d’une cage métallique reliée au sol est d’ailleurs nécessaire pour assurer la protection électrostatique de l’appareil ; en même temps la cage protège l’équipage mobile contre l’action des courants d’air.

Pour maintenir l’aiguille à un potentiel constant, on la relie par l’intermédiaire du fil de suspension à l’un des pôles d’une pile d’un grand nombre d’éléments dont l’autre pôle est relié au sol ; un potentiel de 50 à 100 volts est, en général, employé. Les batteries de petits éléments de pile que l’on construisait à cet effet sont maintenant avantageusement remplacées par des batteries de petits accumulateurs, qui servent aussi à produire dans les condensateurs de mesures la différence de potentiel nécessaire pour obtenir le courant de saturation ([1]).


Les condensateurs employés dans les mesures de radioactivité peuvent avoir des formes différentes suivant l’usage auquel ils

  1. Ces petits accumulateurs occupent peu de place. Une batterie composée de 20 boîtes de 44 éléments chacune donne, quand tous les éléments sont en tension, une différence de potentiel d’environ 1800 volts, et occupe une armoire de 1,30m de hauteur, 90cm de largeur et 60cm de profondeur. Notre laboratoire possède plusieurs de ces batteries dont trois, associées en tension, peuvent fournir une tension de 5400 volts ; elles ont été construites par M. Butaud et fonctionnent d’une manière très satisfaisante. Elles peuvent fournir un courant de 0,01 ampère et ont une capacité de 1,5 ampère-heure par élément. Les conditions d’isolement doivent être très parfaites. Pour éviter les accidents qui peuvent se produire avec ces batteries à haute tension, il est utile d’interposer entre le pôle isolé et les appareils une grande résistance telle qu’une colonne d’eau distillée contenue dans un tube en U.