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Ce nombre, qui est probablement le plus exact, correspond à unité absolue.

Une lame de quartz de forme courante peut sans inconvénient supporter un poids de 5kg. Quand elle est associée à un électromètre de sensibilité ordinaire (0,50cm de déviation pour 1 volt à la distance de 1m), le poids de 1g donne une déviation d’environ 5mm. La quantité d’électricité dégagée par kilogramme pour une lame de 10cm de longueur et de 0,5mm d’épaisseur est égale à 12 unités E. S. environ. Les courants que l’on peut mesurer avec une telle lame sont compris entre et ampère. Ces limites pourraient encore être étendues ; en particulier la mesure de courants très faibles est limitée surtout par l’isolement des appareils ; si la capacité de l’appareil producteur de courant est petite, on peut accroître notablement la sensibilité du dispositif de mesures, en employant un électroscope sensible et un quartz court et épais.

L’emploi de la méthode de zéro qui vient d’être décrite est particulièrement précieux dans les laboratoires de radioactivité, où l’on a coutume de se servir de substances fortement actives. La grande difficulté que l’on rencontre à maintenir dans ces laboratoires l’isolement des appareils a été signalée déjà anciennement ([1]). Cette difficulté provient de la dissémination de poussières actives, du dégagement d’émanations radioactives et de la formation en présence de celles-ci de radioactivités induites, dont certaines formes très actives disparaissent rapidement, tandis que d’autres formes beaucoup moins actives ont en revanche l’inconvénient de persister pendant des années. Tous les objets contenus dans un laboratoire de radioactivité ont une activité anormale. Il est utile de ménager dans un tel laboratoire deux parties, ou mieux deux bâtiments séparés, dont l’un est destiné exclusivement aux opérations sur les substances fortement radioactives non scellées en tube de verre, et l’autre aux mesures électrométriques et aux opérations sur les corps très faiblement actifs et ne dégageant pas d’émanations. Dans ce bâtiment peu actif, on ne doit jamais introduire ni une substance très active, ni des habits ou des objets qui ont servi dans le bâtiment actif. Il est bon aussi d’aérer éner-

  1. P. et M. Curie, Rapports au Congrès de Physique. Paris, 1900.