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M. CURIE.

à une distance de 4mm,9. Une plaque photographique était placée parallèlement à une distance de 8mm,65 au delà. Après une pose de 10 minutes, l’ombre géométrique du fil était reproduite d’une façon parfaite, avec les dimensions prévues et une pénombre très étroite de chaque côté correspondant bien à la largeur de la source. La même expérience réussit également bien en plaçant contre le fil une double feuille d’aluminium battu que les rayons sont obligés de traverser.

Il s’agit donc bien de rayons capables de donner des ombres géométriques parfaites. L’expérience avec l’aluminium montre que ces rayons ne sont pas diffusés en traversant la lame, et que cette lame n’émet pas, tout au moins en quantité importante, des rayons secondaires analogues aux rayons secondaires des rayons de Röntgen.

Les rayons α sont ceux qui semblent actifs dans la très belle expérience réalisée dans le spinthariscope de M. Crookes[1]. Cet appareil se compose essentiellement d’un grain de sel de radium maintenu à l’extrémité d’un fil métallique en face d’un écran au sulfure de zinc phosphorescent. Le grain de radium est à une très petite distance de l’écran (0mm,5, par exemple), et l’on regarde au moyen d’une loupe la face de l’écran tournée vers le radium. Dans ces conditions l’œil aperçoit sur l’écran une véritable pluie de points lumineux qui apparaissent et disparaissent continuellement. L’écran présente l’aspect d’un ciel étoilé. Les points brillants sont plus rapprochés dans les régions de l’écran voisines du radium, et dans le voisinage immédiat de celui-ci la lueur paraît continue. Le phénomène ne semble pas altéré par les courants d’air ; il se produit dans le vide ; un écran même très mince placé entre le radium et l’écran phosphorescent le supprime ; il semble donc bien que le phénomène soit

  1. Chem. News, 3 avril 1903