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M. CURIE.

À partir d’une certaine distance, l’intensité du rayonnement varie sensiblement en raison inverse du carré de la distance au condensateur.

Le rayonnement du polonium ne se propage dans l’air qu’à une distance de quelques centimètres (4cm à 6cm) de la source radiante.

Si l’on considère l’absorption des radiations par les écrans solides, on constate là encore une différence fondamentale entre le radium et le polonium. Le radium émet des rayons capables de traverser une grande épaisseur de matière solide, par exemple quelques centimètres de plomb ou de verre[1]. Les rayons qui ont traversé une grande épaisseur d’un corps solide sont extrêmement pénétrants, et, pratiquement, on n’arrive plus, pour ainsi dire, à les faire absorber intégralement par quoi que ce soit. Mais ces rayons ne constituent qu’une faible fraction du rayonnement total, dont la grosse masse est, au contraire, absorbée par une faible épaisseur de matière solide.

Le polonium émet des rayons extrêmement absorbables qui ne peuvent traverser que des écrans solides très minces.

Voici, à titre d’exemple, quelques nombres relatifs à l’absorption produite par une lame d’aluminium d’épaisseur égale à 0cm,01. Cette lame était placée au-dessus et presque au contact de la substance. Le rayonnement direct et celui transmis par la lame étaient mesurés par la méthode électrique (appareil fig. 1) ; le courant de saturation était sensiblement atteint dans tous les cas. Je désigne par a l’activité de la substance radiante, celle de l’uranium étant prise comme unité.

  1. M. et Mme  Curie, Rapports au Congrès 1900.