Page:Curie - Recherches sur les substances radioactives, 1904.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES RADIOACTIVES.

D’après les travaux de J.-J. Thomson et de Townsend[1] nous devons admettre que la particule en mouvement, qui constitue le rayon, possède une charge e égale à celle transportée par un atome d’hydrogène dans l’électrolyse, cette charge étant la même pour tous les rayons. On est donc conduit à conclure que la masse de la particule m va en augmentant quand la vitesse augmente.

Or, des considérations théoriques conduisent à concevoir que l’inertie de la particule est précisément due à son état de charge en mouvement, la vitesse d’une charge électrique en mouvement ne pouvant être modifiée sans dépense d’énergie. Autrement dit, l’inertie de la particule est d’origine électromagnétique, et la masse de la particule est au moins en partie une masse apparente ou masse électromagnétique. M. Abraham[2] va plus loin et suppose que la masse de la particule est entièrement une masse électromagnétique. Si dans cette hypothèse on calcule la valeur de cette masse m pour une vitesse connue v, on trouve que m tend vers l’infini quand v tend vers la vitesse de la lumière, et que m tend vers une valeur constante quand la vitesse v est très inférieure à celle de la lumière. Les expériences de M. Kaufmann sont en accord avec les résultats de cette théorie dont l’importance est grande, puisqu’elle permet de prévoir la possibilité d’établir les bases de la mécanique sur la dynamique de petits centres matériels chargés en état de mouvement[3].

  1. Thomson, Phil. Mag., t. XLVI, 1898. — Townsend, Phil. Trans., t. CXCV, 1901.
  2. Abraham, Nachrichten d. k. Gesell. d. Wiss. zu Gœttingen, 1902, Heft 1.
  3. Quelques développements sur cette question ainsi qu’une étude très complète des centres matériels chargés (électrons ou corpuscules) et les références des travaux relatifs se trouvent dans la Thèse de M. Langevin.