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M. CURIE.

pothétique avait sa source dans le soleil, il pourrait être en partie absorbé en traversant la terre. L’expérience n’a donné aucune différence pour les deux mesures.

Les recherches les plus récentes sont favorables à l’hypothèse d’une transformation atomique du radium. Cette hypothèse a été mise dès le début des recherches sur la radioactivité[1] ; elle a été franchement adoptée par M. Rutherford qui a admis que l’émanation du radium est un gaz matériel qui est un des produits de la désagrégation de l’atome du radium[2]. Les expériences récentes de MM. Ramsay et Soddy tendent à prouver que l’émanation est un gaz instable qui se détruit en donnant lieu à une production d’hélium. D’autre part, le débit continu de chaleur fourni par le radium ne saurait s’expliquer par une réaction chimique ordinaire, mais pourrait peut-être avoir son origine dans une transformation de l’atome.

Rappelons enfin que les substances radioactives nouvelles se trouvent toujours dans les minerais d’urane ; nous avons vainement cherché du radium dans le baryum du commerce (voir page 46). La présence du radium semble donc liée à celle de l’uranium. Les minerais d’urane contiennent d’ailleurs de l’argon et de l’hélium, et cette coïncidence n’est probablement pas non plus due au hasard. La présence simultanée de ces divers corps dans les mêmes minerais fait songer que la présence des uns est peut-être nécessaire pour la formation des autres.

Il est toutefois nécessaire de remarquer que les faits qui viennent à l’appui de l’idée d’une transformation atomique du radium peuvent aussi recevoir une interprétation différente. Au lieu d’admettre que l’atome de radium se transforme, on pourrait admettre que cet atome est lui-même stable, mais qu’il agit sur le milieu qui l’entoure

  1. Mme  Curie, Revue générale des Sciences, 30 janvier 1899.
  2. Rutherford et Soddy, Phil. Mag., mai 1903.