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M. CURIE.

L’énergie radioactive sons forme d’émanation se propage difficilement du radium solide dans l’air ; elle éprouve de même une résistance au passage du radium solide dans un liquide. Quand on agite du sulfate radifère avec de l’eau pendant une journée entière, son activité après cette opération est sensiblement la même que celle d’une portion du même sulfate laissée à l’air libre.

En faisant le vide sur du sel radifère on retire toute l’émanation disponible. Toutefois la radioactivité d’un chlorure radifère sur lequel nous avions fait le vide pendant 6 jours ne fut pas sensiblement modifiée par cette opération. Cette expérience montre que la radioactivité du sel est due principalement à l’énergie radioactive utilisée dans l’intérieur des grains, laquelle ne peut être enlevée en faisant le vide.

La perte d’activité que le radium éprouve quand on le fait passer par l’état dissous est relativement plus grande pour les rayons pénétrants que pour les rayons absorbables. Voici quelques exemples :

Un chlorure radifère, qui avait atteint son activité limite 470, est dissous et reste en dissolution pendant une heure ; on le sèche ensuite et l’on mesure sa radioactivité initiale par la méthode électrique. On trouve que le rayonnement initial total est égal à la fraction 0,3 du rayonnement total limite. Si l’on fait la mesure de l’intensité du rayonnement en recouvrant la substance active d’un écran d’aluminium de 0mm,01 d’épaisseur, on trouve que le rayonnement initial qui traverse cet écran n’est que la fraction 0,17 du rayonnement limite traversant le même écran.

Quand le sel est resté en dissolution pendant 13 jours, on trouve pour le rayonnement initial total la fraction 0,22 du rayonnement limite total et pour le rayonnement qui traverse 0mm,01 d’aluminium la fraction 0,13 du rayonnement limite.