Page:Curie - Recherches sur les substances radioactives, 1904.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
M. CURIE.

à des températures différentes, elle se partage entre eux comme un gaz parfait obéissant aux lois de Mariotte et de Gay-Lussac. Pour établir ce résultat il suffit de mesurer le rayonnement du premier réservoir avant et après le partage ; ce rayonnement est proportionnel à la quantité d’émanation contenue dans le réservoir. Mais, comme la diffusion de l’émanation demande un certain temps jusqu’à ce que l’équilibre soit établi, il est nécessaire, pour l’exactitude du calcul relatif à l’expérience, de tenir compte de la destruction spontanée de l’émanation avec le temps[1].

L’émanation du radium se diffuse le long d’un tube étroit suivant les lois de la diffusion des gaz, et son coefficient de diffusion est comparable à celui de l’acide carbonique[2].

MM. Rutherford et Soddy ont montré que les émanations du radium et du thorium se condensent à la température de l’air liquide, comme le feraient des gaz qui seraient liquéfiables à cette température. Un courant d’air chargé d’émanation perd ses propriétés radioactives en traversant un serpentin qui plonge dans l’air liquide ; l’émanation reste condensée dans le serpentin, et elle se retrouve à l’état gazeux quand on réchauffe celui-ci. L’émanation du radium se condense à −150°, celle du thorium à une température comprise entre −100° et −150°[3]. On peut faire l’expérience suivante : deux réservoirs de verre fermés, l’un grand, l’autre petit, communiquent ensemble par un tube court muni d’un robinet ; ils sont remplis de gaz activé par le radium et sont par suite tous les deux lumineux. On plonge le petit réservoir dans l’air liquide, toute l’émanation s’y condense ; au bout d’un certain

  1. P. Curie et J. Danne, Comptes rendus, 2 juin 1903.
  2. P. Curie et J. Danne, Comptes rendus, 2 juin 1903
  3. Rutherford et Soddy, Phil. Mag., mai 1903.