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M. CURIE.

entraînée avec le gaz lui-même, quand on extrait celui-ci de l’enceinte.

Quand on mesure la radioactivité de matières radifères par la méthode électrique au moyen de l’appareil (fig. 1), l’air entre les plateaux devient également radioactif ; cependant, en envoyant un courant d’air entre les plateaux, on n’observe pas de baisse notable dans l’intensité du courant, ce qui prouve que la radioactivité répandue dans l’espace entre les plateaux est peu importante par rapport à celle du radium lui-même à l’état solide.

Il en est tout autrement dans le cas du thorium. Les irrégularités que j’avais observées en mesurant la radioactivité des composés du thorium provenaient du fait qu’à cette époque je travaillais avec un condensateur ouvert à l’air ; or le moindre courant d’air produit un changement considérable dans l’intensité du courant, parce que la radioactivité répandue dans l’espace au voisinage du thorium est importante par rapport à la radioactivité de la substance.

Cet effet est encore bien plus marqué pour l’actinium. Un composé très actif d’actinium paraît beaucoup moins actif quand on envoie un courant d’air sur la substance.

L’énergie radioactive est donc renfermée dans les gaz sous une forme spéciale. M. Rutherford suppose que certains corps radioactifs dégagent constamment un gaz matériel radioactif qu’il appelle émanation. C’est ce gaz qui aurait la propriété de rendre radioactifs les corps qui se trouvent dans l’espace où il est répandu. Les corps qui émettent de l’émanation sont le radium, le thorium et l’actinium.


Désactivation à l’air libre des corps solides activés. — Un corps solide, qui a été activé par le radium dans une enceinte activante pendant un temps suffisant, et qui a été ensuite retiré de l’enceinte, se désactive à l’air libre