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M. CURIE.

gardés en tubes scellés à l’obscurité. Avec du chlorure de baryum radifère, très actif et très lumineux, la lumière change de teinte au bout de quelques mois ; elle devient plus violacée et s’affaiblit beaucoup ; en même temps le produit subit certaines transformations ; en redissolvant le sel dans l’eau et en le séchant à nouveau, on obtient la luminosité primitive.

Les solutions de sels de baryum radifères, qui contiennent une forte proportion de radium, sont également lumineuses ; on peut observer ce fait en plaçant la solution dans une capsule de platine qui, n’étant pas lumineuse elle-même, permet d’apercevoir la luminosité faible de la solution.

Quand une solution de sel de baryum radifère contient des cristaux qui s’y sont déposés, ces cristaux sont lumineux au sein de la solution, et ils le sont bien plus que la solution elle-même, de sorte que, dans ces conditions, ils semblent seuls lumineux.

M. Giesel a préparé du platinocyanure de baryum radifère. Quand ce sel vient de cristalliser, il a l’aspect du platinocyanure de baryum ordinaire, et il est très lumineux. Mais peu à peu le sel se colore spontanément et prend une teinte brune, en même temps que les cristaux deviennent dichroïques. À cet état, le sel est bien moins lumineux, quoique sa radioactivité ait augmenté[1]. Le platinocyanure de radium, préparé par M. Giesel, s’altère encore bien plus rapidement.

Les composés de radium constituent le premier exemple de substances spontanément lumineuses.


Dégagement de chaleur par les sels de radium. — Tout récemment MM. Curie et Laborde ont trouvé que les sels de radium sont le siège d’un dégagement de

  1. Giesel, Wied. Ann., t. LXIX, p. 91.